EDUCATION : ERREURS, LIMITES et PERSPECTIVES…

 

Ce que vous vous apprêtez à lire n’est pas un article scientifique même comme le titre est totalement ringard, je sais. Voulez-vous vraiment aller au bout de cet article ? Vous voulez vraiment suivre un fou qui a volé vos habits et qui s’enfuit tout nu avec ceux-ci ? Vous voulez vraiment me suivre dans mon délire ? En tout cas je vous le déconseille fortement. Vous êtes encore là ? Hum… tant pis pour vous, on ne va pas dire que je ne vous avais pas prévenus.

Il paraît qu’on fête la « Sainte Education »ces temps à DCY. Pour l’occasion je ressors mon dictionnaire, histoire de voir ce qu’il dit à son sujet (« l’homme n’est rien sans son bord » disent-ils). L’éducation renvoie à l’enseignement des règles de conduite sociale et à la formation des facultés physiques, morales et intellectuelles qui président à la formation de la personnalité (Encarta, 2009). Je vous le concède cette définition est bien trop vague surtout quand plus loin le dit dictionnaire mentionne l’instruction en synonyme. Attendez que je guette encore mon bord… Instruction… «Ensemble de connaissances acquises, notamment au cours de la scolarité » Hum-hum… Nous l’avons notre première erreur/limite.

L’éducation ne se limite pas à l’instruction

Mieux, l’éducation ne se limite pas à la scolarisation bien qu’elle englobe cette dernière. J’entends dire : « les écoles, les enseignants, c’est eux les responsables ! Nous payons, qu’ils gèrent ». Eh ben c’est trop facile chers parents. Peut-être que ça vous aiderait de réviser avec vos enfants. Je ne parle pas d’une aide à la révision, mais d’une véritable révision. Lisez les dictionnaires que vous achetez à vos enfants. Je me dévoue pour l’occasion. Répétez après moi : L’éducation renvoie à l’enseignement des règles de conduite sociales et à la formation des facultés physiques, morales et intellectuelles qui président à la formation de la personnalité. Chacun a donc sa partition à jouer. Les parents sont interpellés sur au moins trois dimensions : la dimension sociale, la dimension morale et la dimension physique. J’ai dit « au moins ». En fait c’est vos enfants, c’est vous que ça regarde prioritairement. Les autres sont justes payés pour (essayer de) le faire. Ne leur demandez pas de décrocher la lune pour vous. Observez vos enfants, observez les signes, et apprenez à les interpréter de la manière la plus adéquate possible. Et puisqu’on parle d’observation, attendez que je vous dise autre chose…

L’instruction et l’éducation ne s’imposent PAS

Chers parents, merci pour tout ! Merci pour ces nuits (ou ces jours, qui sait ?!) de plaisir intense au bout desquelles des « mini vous » ont été conçus. Merci de ne pas vous être débarrassés  de ceux-ci, de ne pas avoir trouvé le moyen de le faire ou même d’avoir eu peur de le faire. Merci pour tous ces choix de vie. Maintenant, il faut que je vous rappelle les définitions du vocable « choix » : manière de sélectionner ; possibilité de faire une sélection ; ce qui a été sélectionné ; ensemble varié offert à la sélection.

Vous avez choisi de mener la vie que vous menez, vous avez choisi vos activités professionnelles, vous avez choisi de vous marier ou de rester célibataires, vous avez décidé d’avoir des enfants. Imposer des choix de vie à vos enfants c’est comme aller à l’encontre de l’instinct de survie. Vous ne pouvez pas vivre la vie de vos enfants par procuration. Vous pouvez penser ce que vous voulez mais même avec toute la volonté du monde vous ne pouvez pas vivre à la place de vos enfants ou même respirer à la place de ceux-ci. Tout  le monde (du nourrisson au vieillard) sait que s’il a le nez bouché, il doit respirer par la bouche.

Assumez vos rôles d’observateurs, de consultants et d’éclaireurs, vous ne pouvez pas faire mieux que ça. Vous ne devez donc pas choisir quelles études feront vos enfants, quelles carrières professionnelles ils auront, quand et avec qui ils se marieront ou s’ils auront des enfants ou pas. Ce n’est vraiment pas à vous de le faire. Ce que vous pouvez par contre faire c’est orienter vos enfants, les guider en fonction de leurs aptitudes et capacités intrinsèques que vous aurez préalablement observées. C’est à vous que revient la tâche de détecter le (s) type (s) d’intelligence les plus développés chez vos enfants et de les faire remonter vers leurs établissements scolaires et centres de formation. Selon Gardner, il en existe 09 : l’intelligence linguistique, l’intelligence logico-mathématique, l’intelligence corporelle-kinesthésique, l’intelligence spatiale, l’intelligence interpersonnelle, l’intelligence musicale, l’intelligence intra personnelle, l’intelligence naturaliste et l’intelligence existentielle (www.espritsciencemetaphysiques.com). Il ne sert donc à rien de vouloir que vos enfants deviennent des architectes quand ils ne sont doués que pour les langues ou la musique par exemple. Si vous vous entêtez, vous produirez des inadaptés sociaux qui ne veulent rien faire et qui n’attendent que d’être arrachés à la vie pour mettre un terme à leurs irréversibles frustrations.

Je sais que vous êtes tous en train de vous dire « celui-ci parle même de quoi ? Est-ce qu’il a même des enfants ici dehors » ?! Non je n’en ai pas, et je puis vous dire que pour le moment je n’en veux même pas (Allez dire !) et ce ne sont pas mes parents qui peuvent me faire changer d’avis. C’est moi et moi tout seul. La dernière fois que je me suis fait manipuler par un parent, j’avais 16 ans, et aujourd’hui encore j’en paie les frais. Ça n’arrivera plus !

Je vis désormais pour moi et je laisse les autres jouir de ce droit. Vous devriez essayer !

Idol Killer   

Le calvaire de l’orientation scolaire: à qui la faute?

Technique ou général, anglais renforcé ou latin, série scientifique (C ou D) ou littéraire, universités, formations professionnelles ou concours administratifs ? Que choisir ? Tous les jeunes d’ici ou d’ailleurs se sont posés ces questions, se posent ces questions et se les poseront un jour. Faire le choix d’une filière, d’un cursus ou d’une formation professionnelle est très souvent  pour les jeunes et même pour les adultes un véritable casse tête chinois car dans ce choix se jouent les prémices de notre avenir et de notre devenir.

Si ailleurs les cellules d’orientation scolaire aident les jeunes à mieux discerner leur choix, dans notre pays, les cellules d’orientation scolaire sont  des carrières de mine d’or pour les chercheurs des matricules  et  les pourvoyeurs de matricules.

Bon c’est même quoi cette histoire d’orientation scolaire ?

Biljena Stevanovic nous explique que l’orientation scolaire c’est l’action de guider, conseiller un enfant sur le métier, la formation, le cursus ou la filière qu’il peut choisir. Ici tout va bien les objectifs de l’orientation sont clairs, guider et conseiller. Dans certains de nos lycées pour ceux qui ont eu la chance d’avoir un conseiller d’orientation les objectifs de ce métier sont bien respectés donc pas de soucis à ce niveau. Elle ajoute plus loin dans son article « orientation scolaire » que l’orientation scolaire est une affaire qui concerne : l’enfant, la famille et l’école. C’est ici que tout commence à devenir très compliqué pour les jeunes de notre pays, parce que chez nous l’orientation scolaire concerne tout le monde sauf l’enfant. Le pauvre, entre des parents qui ont misé leur dernier francs cfa et mettent tout en œuvre pour faire de lui un homme respectable et respecté, envié et craint , parallèlement faisant d’eux les Trump du village et réalisant leur gloire déchu ; et l’école (représentée par des conseillers d’orientations ou un collège d’enseignants) lâche, ne pouvant faire face à ce genre de parents ou tout simplement incompétent dans ce domaine. L’avenir et le devenir de ces jeunes sont sérieusement amoindris dès le départ.

Mais c’est quoi un conseiller d’orientation ?

Selon toutes les recherches effectuées à ce sujet, un conseiller d’orientation est aussi appelé un conseiller d’orientation scolaire psychologue. Les compétences requises sont l’écoute active, l’entretien psychologique, l’examen psychologique, la résolution des problèmes, la connaissance du marché du travail. Niveau requis : formation universitaire, minimum licence en psychologique : consternation totale pourquoi, parce que, ici dans notre pays  nos conseillers sont tout sauf des psychologues, nous avons des juristes beaucoup de juristes,  des linguistes, des économistes etc.

Mais comment devient-on conseiller d’orientation chez nous ?

Chez nous le conseiller d’orientation est une sinécure, parce que pour être conseiller d’orientation pas besoin de formation en psychologie. Toutes les licences sont admises à passer un concours d’entrée à l’école normale tres supérieure option donc conseiller d’orientation (CO), puis les candidats retenus très subjectivement, passerons deux années de formation, pendant lesquelles, ils seront appelés à voir tous les champs de la psychologie, normal voir les champs d’application de la psychologie peuvent être très utiles pour des affectations très officieuses au ministère de tutelle. Pourront –ils faire passer des tests psychotechniques aux futurs élèves et étudiants dont ils auront la charge ? Seront-ils suffisamment outillés pour aider aux mieux les enfants des comptés lointaines tres lointaines de notre pays ?ils sont fous ceux qui pensent que pour être conseillers il faut au minimum une licence en psychologie. Chez nous impossible n’est pas un Lion. Indigent enfant sa mort professionnelle est programmée et rien ne lui permettra de connaitre s’il aura une chance de réaliser ses rêves. Chut les rêves sont imaginaires, les réaliser un mythe.

Il fait même quoi ce conseiller technique pour qu’on exige de lui au minimum une licence en psychologie ?

Le conseiller d’orientation, comme nous l’avons dit plus haut, conseille et guide les élèves et les étudiants sur le choix des filières, le cursus ou la formation. Mais en plus de cela, il rencontre les enfants en difficultés scolaire et leur fait passer des tests psychotechniques destinés à cerner leurs capacités et leurs éventuelles faiblesses et les orienter en conséquence vers une filière adaptée. Il s’agit donc de mieux comprendre le profil psychologique des élèves pour mieux les aider dans leurs difficultés et  surtout il s’agit pour lui de voir si l’élève n’est pas en situation de difficultés d’apprentissage ou en situation de troubles d’apprentissage. Ici chez nous ces missions sont elles prises en compte lors de leur formation ? Comment comprendre que deux ans de formation sont susceptibles de mieux outiller les futurs conseillers d’orientation ?  Il est clair qu’avec ceci on comprend pourquoi les chasseurs de matricules préfèrent  faire autre chose qu’orienter des enfants et faire comprendre aux parents le bien fondé de la présence d’un conseiller d’orientation dans la construction du projet professionnel et surtout l’importance de prendre en compte les intérêts de l’enfant lorsqu’il s’agit de faire un choix, qui s’il est farfelue ou pris légèrement aura des conséquences dramatiques sur son devenir et son avenir

  1. Hutteau disait orienter c’est l’action de donner une direction déterminée à sa vie. Déterminé le choix d’un enfant, déterminé car avec l’aide de sa famille et de son conseiller d’orientation il s’agira de construire un projet qui s’inscrit dans le futur choix de son métier, l’orientation doit tenir compte du développement holistique de l’enfant, de son intérêt pour son projet professionnel pour mieux l’aider dans le choix qu’il aura à faire au niveau des filières , du cursus ou de la formation à suivre.

Peut-être si ce travail avait été  bien fait par des professionnels nous n’aurions pas tous ces jeunes qui semblent  perdus face à l’avenir. Un doigt accusateur est pointé et avec raison sur le système et les peu ou quasi inexistantes  de possibilités qu’il offre,  cependant réussir commence par : avoir un  projet professionnel solide, objectivement réalisable, qui peut être modifiable mais ayant un seul but à atteindre l’épanouissement holistique de l’être en devenir.

Tous les jeunes Camerounais veulent une chose ; de l’argent, ils ne savent pas comment ? En exerçant quels métiers ? Ils ne  le savent pas ou ils n’arrivent pas à bien discerner. Intervient alors les conseillers d’orientation qui jouent un rôle primordial.

Notre système éducatif à besoin de revaloriser ce métier et surtout sans peur de revoir la procédure de recrutement  de telle sorte que les jeunes aient une chance de réussir dans le choix de profession futur peu importe le choix fait.

 A vos marques prêt choisissez…

Louise Eyoum

 

Les enfants des autres…

Les enfants des autres

… sont toujours mal éduqués. Tout comme les parents des autres sont excessifs. Plus d’une fois, j’ai entendu des chuchotis sur ma rigidité envers les enfants. Pourtant, même si j’estime faire dans l’exagération, je continue de croire qu’un minimum de sévérité s’impose quand on éduque un enfant. Peu importe que cet enfant soit le vôtre ou pas. De toutes les façons, les gens parleront toujours. Surtout si, comme c’est souvent le cas en Afrique, vous êtes en charge d’un enfant qui n’est pas le vôtre.

Au fond, qu’est- ce que l’éducation ?

Il existe un nombre assez considérable de définitions, concernant l’éducation. Celle qui me parle davantage, est « l’action de développer un ensemble de connaissances et de valeurs morales, physiques, intellectuelles, scientifiques… considérées comme essentielles pour atteindre le niveau de culture souhaitée ». Cette définition soulève à mon sens plusieurs questions : le contexte social, la culture, les objectifs à atteindre… qui varient d’un parent à un autre, même au sein d’un couple. Maintenant, prenons le cas de l’enfant qui grandit chez un oncle ou une tante. Vous conviendrez avec moi que les paramètres se démultiplient. Ainsi, une éducation dite « à l’occidentale » serait inefficace aux yeux de l’Africain.

Le mythe du énième parent.

En Afrique, il est simple. Tant qu’on est permissif avec l’enfant et surtout qu’il ne s’en plaint pas, on est cité en exemple. L’enfant ne se plaint pas (car il vit dans un libertinage qui lui plaît) et on est cité en héros. Tentez d’élever la voix, a fortiori de donner la punition qui s’impose (histoire de lui faire comprendre qu’il y a des règles à ne pas outrepasser) et la société vous pointe du doigt. Le plus dur vient toujours avec cette formule sentencieuse d’un air entendu : « C’est parce que ce n’est pas son enfant ». Tout se passe comme si   face à votre progéniture, vous êtes faible, compatissant, prompt à trouver une excuse. Ce que le concerné ne vous dira jamais, c’est sa responsabilité dans l’affaire. Tout se complique davantage quand les géniteurs ne sont pas sur place.

Education occidentale : la panacée de tous ?

Je dis non. Un « non » ferme et appuyé. Mettre l’enfant au sommet de la pyramide familiale n’interdit pas qu’il apprenne les règles sociales. A ses détriments. Il est vrai que depuis peu au Cameroun, on interdit les fessées dans les écoles et même au sein des foyers. Personnellement, je ne suis pas un fan de la fessée : cela n’a fait que me rendre plus rebelle à toute forme d’autorité. D’ailleurs, à un moment donné de ma vie, j’ai carrément assimilé cela au fait que ma mère était « dépassée » … jusqu’à ce qu’elle me fasse découvrir d’autres saveurs de la punition, parmi lesquelles la privation. Cette dernière, peu importe qu’elle soit alimentaire, physique ou affective a réussi à me mettre au pas.  Alors imaginez le délicieux frisson quand, après avoir commis une gaffe, j’ai dû attendre la fessée qui ne venait pas… Sur le coup, je me suis dit : « Monsieur, on te déteste ! », jusqu’au jour où j’ai compris que le contraire de l’amour n’est pas la haine, mais plutôt l’indifférence.

Alors, punitions ou fessées ?

Je me suis posé la question plusieurs fois depuis que moi aussi je suis devenu parent. Parent d’un enfant dont la mère se trouve en Europe. Cette situation a du piquant car mon neveu me sait rigoureux mais il y a cette espèce de laisser- aller qui me porte sur les nerfs. Vous savez, trois fois rien : le désordre, la saleté, toucher le mur, les horaires de retour à la maison, la vaisselle sale qui traine dans l’évier, le niveau scolaire… A priori, m’entendre crier dans la maison porte à croire qu’il est le diable en personne. Mais non. Il est poli, respectueux, poli, quoique paresseux et bourrelé de préjugés que je ne m’explique pas. J’ai opté pour la communication, la restriction de la liberté (qu’il chérit tant), interdit l’accès à la télévision et je contrôle moi-même ce qu’il fait en cours, entre autres. Je ne peux le fouetter pour la raison majeure qu’en fait, c’est un gaillard et je ne suis pas fort, loin de là. A cette raison, il faut ajouter que je ne suis pas un partisan de la fessée. Enfin, je tiens à garder des relations cordiales avec ma cousine, sa mère.

Se retrouver dans la peau de celui qui éduque est un service militaire. Former et modeler une belle personne est un challenge permanent. Ce défi exige que l’on cesse de culpabiliser sur les méthodes employées parfois. La fessée ne doit pas être la réponse systématique à toute incartade. Au mieux on formerait un asocial, au pire, on aurait un délinquant à temps plein. Il en va de même pour les punitions. Cessez l’auto-flagellation à chaque mesure prise et punissez à la juste mesure. Il y aura toujours des regards de travers, je vous l’ai dit. En cas de doute, partagez vos expériences à la suite ce billet. En parler aide aussi.

Christian M.

L’environnement éducatif au Cameroun

Que l’on soit en train de dormir, de cuisiner ou d’étudier, l’environnement est important. Il influence aussi bien le déroulement que le rendement de l’activité. Nos chambres, cuisines, salles de bains et autres doivent donc remplir certains critères : spaciosité, propreté, luminosité, aérabilité, ordre et ambiance chaleureuse sont attendus. Un individu va à l’école pendant au moins vingt ans de sa vie (on exclut – et je m’en excuse- les génies qui mettent beaucoup moins de temps sur les bancs). On s’attend donc à évoluer dans un environnement sain et agréable.
Le Cameroun a encore beaucoup de travail en la matière, au public comme au privé, même s’il faut avouer que les établissements privés essayent ces dernières années de faire la différence. En général, les bâtiments donnent à peine envie d’y entrer : la peinture n’a pas été refaite depuis des années et la moisissure se voit sur les façades. On voit bien que les vitres n’ont pas été nettoyées depuis belle lurette, si jamais elles existent. Certains établissements sont inaccessibles après le passage de la pluie. Tant pis pour toi si ta salle de classe est à côté des toilettes ; même dans ton sommeil, l’odeur va te trouver. Je me souviens de ce jour où mes camarades et moi avions dû quitter le bâtiment dans lequel nous faisions cours à l’université, à cause de l’odeur nauséabonde des toilettes qui avait envahi notre niveau. Et comme par hasard, notre classe était juste en face, donc…
Maintenant, imaginons que tu es au point le plus chaud du pays et on trouve quand-même le moyen de vous faire asseoir trois par banc. Dès le mois de mars, tu n’as plus envie d’aller à l’école (ceux qui connaissent la chaleur qui règne au Nord et à l’Extrême-Nord à partir de ce mois comprendront). Ajoutons à ça une salle de classe où la seule aération est un claustra… les gens qui ont survécu à ça méritent des applaudissements. Et après, on veut que les enfants soient concentrés. Sérieusement ? On ne veut pas qu’ils se plaignent. Bien sûr qu’ils vont le faire, et ça ne fera qu’augmenter la température de la classe. Et avec ça, on s’attend à ce que les enseignants fassent bien leur travail ; ce sont des robots ? Des extraterrestres ?
Il y a aussi ces enseignants qui, même dans les meilleures conditions, font de leur mieux pour être exécrables. Quand tu dis à un enfant : « avec ta bouche comme l’ouvre-bière », dis-moi un peu, c’est pour qu’il réussisse ? Ce n’est pas en disant à un enfant qu’il est bête qu’on le rend intelligent. « Toi qui es comme le singe là-bas, réponds à la question ! ». C’est en devenant l’ennemi de ton élève que tu vas bien le former ? Sans compter ceux qui pensent que l’école c’est le piège. Quatre-vingt pourcent de ta classe n’a pas la moyenne à un contrôle, tu ne te remets pas en question. Tu débarques en classe, tu commences seulement à écrire le cours au tableau ; attends un peu, on écrit quoi ? On comprend quoi là-dedans ? Ton interrogation n’a rien à voir avec ce que tu as enseigné ; la première note c’est 8.5/20, et tu es content. Tu mets la clim en classe au point où les enfants ont le nez qui coule ; ils sont venus se former ou tomber malade ? L’emploi de temps prévoit trois heures de cours pour trente petites minutes de pause que l’enseignant grignote pour atteindre ses objectifs.
Parfois, l’école n’a même pas de murs, encore moins un toit. C’est à même le sol que les élèves font cours. L’enseignant ou le directeur de cette école, si ce n’est pas la même personne, n’a qu’à se débrouiller pour trouver de quoi écrire et surtout sur quoi écrire.
Sinon, il y a aussi ces établissements modernes où tout est axé sur la réussite des élèves. Salles de classe bien aérées, bien éclairées, accessibles en toutes circonstances ; toilettes propres, le genre qui vous donnent envie d’y aller sans raison ; effectif permettant à l’enseignant de répondre aux attentes de tous et de chacun ; enseignants attentionnés, respectueux et accessibles par les parents, étant à même d’évoquer avec ces derniers les difficultés propres à leur(s) enfant(s), ce qui suppose un bon suivi de chaque élève. Dans de tels établissements, les activités de développement du capital humain ne manquent pas : excursions, musique, danse, peinture, sport (en dehors du cours de sport) sont au rendez-vous. Les apprenants sont encouragés à la créativité. Le cadre est accueillant et sécurisé. Des pauses sont aménagées entre les différentes périodes de cours, lesquelles ne sont pas trop longues afin que le manque de concentration et le sommeil ne soient pas au rendez-vous.
C’est ce qu’on désire tous : un environnement éducationnel qui met l’élève au centre des préoccupations, un cadre où tout son être est à même de s’épanouir, des écoles qui produisent une société stable, des personnes respectueuses, agréables et responsables, des leaders. Certains penseront que cette phrase n’a rien à voir avec le sujet, mais le problème de beaucoup d’entre nous aujourd’hui est le cadre dans lequel nous avons été éduqués, où on ne nous a pas appris à respecter la chose d’autrui, où on ne nous a pas montré que le respect est mutuel, où on se faisait taper dessus parfois à tort. N’oublions jamais que s’il n’y avait pas des personnes à former, il n’y aurait pas d’enseignant, encore moins des institutions dédiées à cette tâche.
Cyrielle.

Les oubliés d’un système éducatif : Ça craint…

Mister DCY « Fabrice » m’a collé la lourde responsabilité de parler d’éducation (moi qui ne suis même pas encore enseignante, eh ah !). J’ai tout de suite songé au primaire. Oui ! Parce que quand je me retourne, je constate que j’y suis passée depuis bientôt vingt-ans. Et que c’était sans doute une des plus belles périodes de ma vie et de mon apprentissage scolaire. Et j’ai un peu, non beaucoup, de mal à reconnaître la génération derrière moi.
Je parle de cette génération qui court dans les rues aujourd’hui, les petites mains chargées d’un téléphone à deux puces pour les moins ambitieux ou d’un smartphone dernier cri pour les plus nantis. Et je m’interroge. Sur plusieurs aspects. Peut-être c’est moi le problème. Ou alors c’est eux. Ou alors c’est vraiment moi qui ne capte pas bien l’époque dans laquelle je vis. (Certains disent que c’est la génération Z et qu’avec eux, tout va un peu plus vite). Cela peut être vrai, dans le bon sens ou l’exacerbation des travers. Je m’explique.

L’apprentissage par la télé et les divers
Depuis bientôt cinq ans, j’ai élu domicile dans une baraque à deux pas d’une école publique à Yaoundé. C’est un véritable laboratoire d’observation, d’analyse et de philosophie pour qui veut trop bien comprendre. L’enchaînement de « Je la vue », « Je la dis que », « Donne-la » et de « Demande-le » que j’entends des conversations de locataires de cet établissement m’inquiète. Qu’est-ce qui n’a pas marché ? Les parents ne veillent-ils plus ? Les instituteurs regrettent-ils trop leurs choix ? Auraient-ils aimé être ailleurs ? Etait-ce trop dur pour eux mais ils ont quand même entendu ou lu leurs noms sur la liste des lauréats ? Je m’interroge.
Parce que cette vague est problématique. Et il ne s’agit pas seulement des trouvailles langagières que ces jeunes débitent. Il s’agit aussi de leurs sujets de conversation. Je ne suis pas du genre à estimer que c’était mieux avant. Non du tout. Mais quand je regarde et j’écoute nos cadets, nos enfants, ça craint. De ce qu’ils croient être, de ce qu’ils espèrent valoir et de ce qu’ils vont devenir. Et j’envie un peu mon époque.
Parce qu’au moment où les fillettes s’attribuent déjà des personnages de « télénovélas » qu’elles subissent sans doute à longueur d’après-midi et de soirée dans leurs cocons familiaux ou par les divers de leurs maîtresses plus que maîtres d’école- il y en a de moins en moins d’ailleurs, sans statistiques aucune hein, je ne me base que sur l’observation du laboratoire à 30 mètres de moi) dans les salles de classe, ça craint. Elles discutent davantage de la « trahison » de Ruby (oui oui ! des mots aussi costauds, ça se dit déjà au primaire), du « matérialisme » de Térésa ou de la naïveté de Luciana, ça craint.

Où sont passés les bâtonnets ?
Je me souviens qu’à l’époque (milieu des années 90), la télévision exerçait encore sa phase de fascination sur le public camerounais et que les téléfilms, feuilletons, sitcom ou autres télénovelas étaient davantage diffusés à des heures tardives et qu’il serait difficile pour l’élève de CE2 ou de CM1 que j’étais d’en apercevoir un bout ou d’interpréter les attitudes des personnages. Là au moins, je peux me vanter d’une époque où on savait réciter ses règles de calcul, d’arithmétique ou tout de moins de grammaire ou d’orthographe. Aujourd’hui, je cherche cette passion chez certains (pour ne pas dire la plupart). Sans succès.
Epoque des bâtonnets. Oui. C’est maigres, colorés mais ô combien formateurs bâtonnets. Ils nous ont appris des astuces pour le calcul, à mettre de la logique dans notre réflexion, à visualiser et matérialiser les idées. Car oui, imaginer huit bâtonnets sur une table et cherche les deux autres dans la salle demandait un peu de bon sens. Les bâtonnets nous l’ont appris.
Epoque des règles de calcul retenues à coup de quelques récitations, de quelques exemples alimentaires sur les beignets, les tomates ou les oranges, de quelque envie de s’émerveiller de tout et de craindre l’interdit venu de l’adulte. Car oui, j’ai aimé mon enfance. Elle reste jusqu’ici la plus belle période de ma vie. Celle de l’insouciance. Celle du regard bienveillant des parents sur les dessins incompréhensibles (et pour dire vrai, loin des résultats espérés). Celles des maîtres et des maîtresses craints mais tout aussi attentifs aux besoins réels de chaque élève. De chacun de mes camarades et moi. C’était la belle époque.

Le bateau ivre de la dérive
La génération depuis les années 2000 arrive-t-elle à vivre cela ? J’ai des doutes. Encore plus au regard du profil de leurs formateurs aujourd’hui. Tous n’ont pas nécessairement séjourné dans des institutions de formation agréées par l’Etat. Pour la plupart, baptisés pour un temporaire devenu définitif « vacataires ». Nantis de leur probatoire après quatre ou cinq tentatives d’un baccalauréat, ou encore d’une licence en lettres modernes françaises, ils se voient confier la lourde responsabilité d’enseigner à la fois l’écriture, le calcul, la grammaire et l’orthographe, et pour les plus vaillants, l’arithmétique ou la géométrie en classe de cours moyen première ou deuxième année. C’est sont eux qui définissent et donnent un sens à l’instruction des tout-petits, les oubliés de notre système éducatif.
Je ne suis pas donneuse de leçons, je le rappelle. Simplement, je n’ai pas réussi à rédiger de conclusion pour faire la morale, surtout que c’est sans doute le meilleur moyen de ne pas se faire écouter. Rappelons-nous (et cela nous concerne tous) que la base détermine ce que nous deviendrons et que certaines lacunes seront un peu difficiles, mais pas impossibles à rattraper. A condition d’avoir pris conscience de ce nous sommes dans le faux. Conscience de ce que l’éducation primaire a résolument embarqué le bateau ivre de la dérive. Et que nous pouvons tous l’arrêter.
Au final, je devrais peut-être changer de domicile. A cette allure, je risque d’avoir peur de tout et surtout de ne pouvoir faire confiance aux cadets dans quelques années. Mais puisque la nature fait bien les choses, je crois que l’équilibre naturel reviendra. Enfin, je l’espère. Le Pape Jean-Paul II avait dit « N’ayez pas peur » ! Je me contente de sa recommandation pour dormir tranquille et espérer que ce que j’ai raconté dans les lignes ci-dessus n’est qu’un cauchemar passager.

Alexandra Tchuileu
#ParolesDuneWestern
#TeamVelo

AUTOPSIE D’UNE EDUCATION MORALE

Laissez-moi « peindre » un tableau bien sombre de l’état du peuple camerounais. Le pouvoir en place sert le peuple en lui prenant son argent pour le mettre dans sa poche, fait beaucoup de promesses rarement réalisées et l’opposition n’a que la critique du système comme seule solution. La recherche des grands postes n’a pour but que de profiter des avantages octroyés et non une quelconque velléité d’être utile à autrui. Et la jeunesse n’est pas mieux lotie, l’école n’intéresse pas grand monde, l’attention des élèves et étudiants est focalisée sur bien d’autres choses. C’est bien noir comme tableau mais s’il en fait il peut paraitre gris, il ne fait que s’assombrir. A voir l’attitude des Camerounais c’est à croire qu’ils n’ont que très peu de notions de morale…et pourtant.

La morale…savoir faire le distinguo entre le bien et le mal, un ensemble de règles à suivre et de valeurs qui véhiculent la société. Cette distinction entre bien et mal nous en faisons l’apprentissage via nos parents. Aucun n’apprend à son enfant à être une mauvaise personne ; il l’incite à être intègre et lorsque les mots ne suffisent pas le laisser avec un derrière douloureux est souvent l’idéal pour se faire entendre. Et le système éducatif abonde dans le même sens, c’est le même discours que celui des parents avec un fort accent mis sur ce qu’est le citoyen modèle particulièrement avec les cours d’éducation civique et morale. Après il est essentiel pour le prof de captiver ses élèves avec son cours sinon tout ça ne sera qu’un flot d’écrits à mémoriser la veille de la compo et qui sera lentement et surement éjecter de son esprit après celle-ci. Je reste persuadé qu’ils font de leur mieux au même titre que les parents, pour faire de chaque Camerounais un citoyen exemplaire et vertueux. D’où vient donc le bug ?

Apparemment ce sont les autres qui nous rendent mauvais. Nous apprenons la bonté, le savoir vivre et le civisme via nos parents et profs à l’école mais il arrive que dans notre vie de tous les jours ça se passe autrement, ce qui est n’est pas ce qui devrait être. Les autres mentent, trichent, trompent, volent, et j’en passe. Et si tu te retrouves à être le seul à rester fidèle à ce qui doit être, parfois tu te retrouves en marge de la société, tu es « friendzoné » par ton « crush » et tes amis…quels amis ? Tu n’en as plus ou presque. Alors pour changer la donne faut se conformer à ce qui est et souvent abandonner ce qui doit être. Aaah le conformisme, tu fais tant de mal à ce monde.
Mais c’est bien trop facile de rejeter la faute sur autrui car après tout chacun est responsable de ses actes à moins d’être sous état agentique ou victime de certaines déficiences mentales. Et certainement qu’on a tous eu à entendre cette phrase sortir de la bouche de nos parents « éviter la mauvaise compagnie » ; il revient donc à chacun de choisir ses amis mais et même si ces derniers nous influencent le choix nous revient toujours…just remember to always think twice comme chantait MJ dans Billie Jean.

Je ne peux clairement pas rejeter la faute sur le système éducatif ou encore l’éducation parentale sur l’état des lieux. Peut-être les parents devraient contrôler astucieusement les fréquentations de leurs enfants mais ce n’est pas gagné ; peut-être le système éducatif devrait donner plus d’importance à l’éducation civique et morale (mettez un gros coefficient 4 sur ça, ils ne blagueront plus avec). Mais, dans une société où implicitement on vous fait croire qu’il faut être un disciple du grand méchant loup pour avoir sa place au soleil, il ne faut pas s’étonner si personne n’est fidèle à ce qui doit être. Comme a dit Bentham « est bon moralement tout acte capable de nous assurer la plus grande somme de bonheur».

MP-RP

Crédit Photo: http://livre.fnac.com/