Les enfants des autres

… sont toujours mal éduqués. Tout comme les parents des autres sont excessifs. Plus d’une fois, j’ai entendu des chuchotis sur ma rigidité envers les enfants. Pourtant, même si j’estime faire dans l’exagération, je continue de croire qu’un minimum de sévérité s’impose quand on éduque un enfant. Peu importe que cet enfant soit le vôtre ou pas. De toutes les façons, les gens parleront toujours. Surtout si, comme c’est souvent le cas en Afrique, vous êtes en charge d’un enfant qui n’est pas le vôtre.

Au fond, qu’est- ce que l’éducation ?

Il existe un nombre assez considérable de définitions, concernant l’éducation. Celle qui me parle davantage, est « l’action de développer un ensemble de connaissances et de valeurs morales, physiques, intellectuelles, scientifiques… considérées comme essentielles pour atteindre le niveau de culture souhaitée ». Cette définition soulève à mon sens plusieurs questions : le contexte social, la culture, les objectifs à atteindre… qui varient d’un parent à un autre, même au sein d’un couple. Maintenant, prenons le cas de l’enfant qui grandit chez un oncle ou une tante. Vous conviendrez avec moi que les paramètres se démultiplient. Ainsi, une éducation dite « à l’occidentale » serait inefficace aux yeux de l’Africain.

Le mythe du énième parent.

En Afrique, il est simple. Tant qu’on est permissif avec l’enfant et surtout qu’il ne s’en plaint pas, on est cité en exemple. L’enfant ne se plaint pas (car il vit dans un libertinage qui lui plaît) et on est cité en héros. Tentez d’élever la voix, a fortiori de donner la punition qui s’impose (histoire de lui faire comprendre qu’il y a des règles à ne pas outrepasser) et la société vous pointe du doigt. Le plus dur vient toujours avec cette formule sentencieuse d’un air entendu : « C’est parce que ce n’est pas son enfant ». Tout se passe comme si   face à votre progéniture, vous êtes faible, compatissant, prompt à trouver une excuse. Ce que le concerné ne vous dira jamais, c’est sa responsabilité dans l’affaire. Tout se complique davantage quand les géniteurs ne sont pas sur place.

Education occidentale : la panacée de tous ?

Je dis non. Un « non » ferme et appuyé. Mettre l’enfant au sommet de la pyramide familiale n’interdit pas qu’il apprenne les règles sociales. A ses détriments. Il est vrai que depuis peu au Cameroun, on interdit les fessées dans les écoles et même au sein des foyers. Personnellement, je ne suis pas un fan de la fessée : cela n’a fait que me rendre plus rebelle à toute forme d’autorité. D’ailleurs, à un moment donné de ma vie, j’ai carrément assimilé cela au fait que ma mère était « dépassée » … jusqu’à ce qu’elle me fasse découvrir d’autres saveurs de la punition, parmi lesquelles la privation. Cette dernière, peu importe qu’elle soit alimentaire, physique ou affective a réussi à me mettre au pas.  Alors imaginez le délicieux frisson quand, après avoir commis une gaffe, j’ai dû attendre la fessée qui ne venait pas… Sur le coup, je me suis dit : « Monsieur, on te déteste ! », jusqu’au jour où j’ai compris que le contraire de l’amour n’est pas la haine, mais plutôt l’indifférence.

Alors, punitions ou fessées ?

Je me suis posé la question plusieurs fois depuis que moi aussi je suis devenu parent. Parent d’un enfant dont la mère se trouve en Europe. Cette situation a du piquant car mon neveu me sait rigoureux mais il y a cette espèce de laisser- aller qui me porte sur les nerfs. Vous savez, trois fois rien : le désordre, la saleté, toucher le mur, les horaires de retour à la maison, la vaisselle sale qui traine dans l’évier, le niveau scolaire… A priori, m’entendre crier dans la maison porte à croire qu’il est le diable en personne. Mais non. Il est poli, respectueux, poli, quoique paresseux et bourrelé de préjugés que je ne m’explique pas. J’ai opté pour la communication, la restriction de la liberté (qu’il chérit tant), interdit l’accès à la télévision et je contrôle moi-même ce qu’il fait en cours, entre autres. Je ne peux le fouetter pour la raison majeure qu’en fait, c’est un gaillard et je ne suis pas fort, loin de là. A cette raison, il faut ajouter que je ne suis pas un partisan de la fessée. Enfin, je tiens à garder des relations cordiales avec ma cousine, sa mère.

Se retrouver dans la peau de celui qui éduque est un service militaire. Former et modeler une belle personne est un challenge permanent. Ce défi exige que l’on cesse de culpabiliser sur les méthodes employées parfois. La fessée ne doit pas être la réponse systématique à toute incartade. Au mieux on formerait un asocial, au pire, on aurait un délinquant à temps plein. Il en va de même pour les punitions. Cessez l’auto-flagellation à chaque mesure prise et punissez à la juste mesure. Il y aura toujours des regards de travers, je vous l’ai dit. En cas de doute, partagez vos expériences à la suite ce billet. En parler aide aussi.

Christian M.

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